Bienvenue dans l’antenne tchan-zâcienne de la galerie Halle Nord. L’exposition qui vous attend comprend trois facettes distinctes, mais n’allons pas trop vite.

Devant vous, huit diptyques photo-réalistes, peints au pigment bleu cobalt, autant de fenêtres donnant sur la Place des Mascarades de Tchan-Zâca . Ils relatent une occasion rare pour notre ville: un événement politique majeur.

Les Tchan-Zâciens mettent à la disposition des dirigeants du monde leur archipel flottant en vue d’organiser une conférence mondiale pour la paix dans un cadre neutre. Aucun des conviés n’ayant répondu à l’invitation, ils décident de maintenir l’événement malgré tout et remplacent eux-mêmes les leaders mondiaux, soit en portant des masques à leur effigie, soit par des marionnettes fabriquées par leurs soins.

C'est cette étrange manifestation, inspirée des accords de Yalta, que vous pouvez observer sur la Place des Mascarades, cette foule agglutinée autour d’une carte de géographie dans une ambiance carnavalesque, affairée à détricoter les frontières européennes pour les mêler à ses propres fils. Le tout finit en sac de nœuds, dans une grande fête animée par un groupe de musiciens de rue.

Les Tchan-Zâciens, satisfaits de la tournure de leur sommet, estiment que, dès lors, les conflits politiques actuels devraient être rapidement réglés.

Si vous passez une fois la nuit tombée, vous trouverez l’ambiance transformée : les pigments phosphorescents rouges, verts et blancs mêlés au cobalt bleu des toiles s’illuminent dans l’obscurité, ajoutant couleurs et une littérale nouvelle dimension aux œuvres. Un dernier pigment magique rend l'expérience participative, un bleu spécial qui n'apparaît que sous la lumière ultra-violette. C'est ce fil bleu qui lie les protagonistes, les marionnettes et les frontières dessinées lors des accords de Tchan-Zâca. Empoignez la lampe UV et suivez-le !

Il ne vous reste plus qu’une dernière dimension à explorer : la virtuelle. Brandissez un des iPads à votre disposition pour voir le quatrième mur entre les toiles et la réalité se dissoudre ; vous êtes maintenant vous aussi sur la Place des Mascarades. Observez les alentours et retrouvez les toiles accrochées : les cadres ont disparu, ces tableaux ont pris plus que du relief, vous permettant d’ausculter les personnages du point du vue qui vous plaît et non plus seulement de celui imposé par l’artiste. Levez le nez, contemplez les nuages suspendus dans le ciel et écoutez le concert tout en prenant le temps de flâner sur les abords de la place – quelques surprises vous y attendent.

Nicola Dotti


Tchan-Zâca est une ville de l’imaginaire. Située sur un archipel flottant dérivant au gré des courants océaniques, elle est le fruit d’un travail entamé en 2013 par Jonathan Delachaux. Il a développé l’histoire et la culture locales de cette cité de trois kilomètres de diamètre avec l’appui du collectif Tchan-Zâca, une trentaine de collaborateurs artistiques de tous horizons. Nous construisons collectivement cette ville-monde en réalité virtuelle sous la forme d'un métavers, réinterprétant les possibilités offertes par les nouvelles technologies pour créer un lieu d'expérimentation architecturale, de concerts, de cinéma, de performances et d’expositions artistiques.

Avec le soutien de la Fondation Ernst Göhner