One kiss is all it takes
jeudi 27 avril dès 16h
One kiss is all it takes esquisse une réflexion sur les relations que l’art contemporain entretient avec la culture populaire, dont les fluctuations sont imprévisibles, volatiles et nerveuses. L’intersectionnalité des luttes sociales, des idées et des sensibilités est visible sur les réseaux sociaux et participe à construire de nouvelles cultures visuelles. Partant du hit disco-pop « One Kiss » (2018) de l’artiste et mannequin Dua Lipa (ft. Calvin Harris) à sa récupération par les supporters du FC Liverpool (2022), les artistes invité·x·e·s ont eu carte blanche pour interagir avec ce thème.
One kiss is all it takes
Fallin’ in love with me
Possibilities
I look like all you need
Qu’est-ce que la culture populaire en 2023 ? Quels liens l’art contemporain entretient-il avec celle-ci ? Dans quelle mesure la culture populaire est-elle un outil politique ? Telles sont les questions que j’ai souhaité poser aux artistes invité·x·e·s à cette exposition collective. Ces questions n’ont toutefois pas été évoquées directement ainsi, mais par l’intermédiaire du hit de Dua Lipa. Plus récemment, l’équipe de France et ses supporters se sont également approprié le titre emblématique « Freed from Desire » de l’artiste pop italienne Gala sorti en 1997. Dans les deux cas, il est intéressant de constater l’amplification de la résonance sociale de ces deux titres à succès. Partant de chansons d’amour très vite devenues des hymnes LGBTQIA+ et dont leurs autrices en revendiquent la fonction d’alliée, leur récupération lors d’une coupe du monde ou de la finale de la Champions League est assez inattendue, voire cocasse. Toutefois, cet aspect ne témoigne que du ressac, du bruit de la vague. Son mouvement de fond, plus puissant et moins visible, est bel est bien présent. Les générations Z et Alpha évoluent dans une culture populaire qui ne cesse d’élargir son champ d’application. Les réseaux sociaux et la puissance des algorithmes permettent de créer du sens entre n’importe quel type de contenu, participant autant à son homogénéité qu’à son abstraction. Cet aspect, vérifiable depuis la fin des années 2010, a donné naissance aux mouvements sociaux que nous vivons aujourd’hui.
Les artistes invité·x·e·s ont chacun·x·e interagit avec ce thème à leur manière sans se concerter. L’exposition témoigne de la multiculturalité du populaire d’aujourd’hui, de ses enjeux politiques et questionne la circulation des images et l’idée d’appropriation. À la manière du sample ou du montage inhérent à la constitution et à la diversification de la culture populaire durant le XXe siècle, les artistes invité·x·e·s ont eu, comme Yann Biscaut, Clémentine Bruno et Salomé Engel, une réflexion sur le ready-made comme outil politique. De leur côté, Nicholas Grafia et Sarah Scheder, par l’intermédiaire de discours queer et décolonial, analysent et déconstruisent la provenance des images et des discours que nous consommons aujourd’hui sur les réseaux sociaux ou dans les musées. L’exposition se clôture avec un apport historique : une œuvre de jeunesse de l’artiste américaine Nan Goldin. Cette photographie (1972) présente une personne transgenre allumant la cigarette de l’archétype du gentleman cisgenre hétérosexuel de l’époque. Un demi siècle plus tard, le singulier ne prime plus en termes d’identité de genre. La transidentité n’est plus « de l’autre côté » en reprenant le titre de cette photographie « Christmas at the other side ». Elle est, au même titre que la cisidentité, une facette de nos rapports sociaux. One kiss is all it takes propose un état des lieux artistique de la complexité de la culture populaire internationale en 2023. Celle-ci analysée par le biais des réseaux sociaux selon une lecture politique et sociale.
Jean-Rodolphe Petter, Commissaire de l’exposition
Avec le soutien du Fonds cantonal d’art contemporain, DCS, Genève, de la Ville de Lausanne, du Canton de Vaud et de Pro Helvetia.
mardi - samedi de 14h à 18h