Hybrides
jeudi 21 avril à 18h
« Hybride adj. et n.m – hibride 1596 ; lat. hybrida 1. BIOL. Qui provient du croisement de variétés, de races, d’espèces différentes ». (Le Petit Robert, mai 2014)
Les hybrides en béton poli de Guillaume Arlaud tiennent de la biologie élémentaire autant que du bazar domestique. De la première, ils évoquent les processus de division, de dédoublement et de recomposition, tandis que du second ils gardent les stigmates d’une vie antérieure en forme d’objets utilitaires et décoratifs.
En chinant des objets manufacturés qu’il moule et assemble selon une logique propre, l’artiste ne s’intéresse pas tant à leur identité initiale qu’à les fondre dans de nouvelles compositions qui convoquent des univers fortement imagés et pourtant jamais clairement désignés. Contenus versus contenants, vides devenus pleins font ainsi corps pour dépasser leur nature première, se muant paradoxalement en formes organiques rappelant quelques apparitions sous-marines ou s’effilant dans une veine aérodynamique plus encline à suggérer des outils ancestraux. Les couples se forment, qui dans la similitude, qui dans la dissemblance, avec toujours cette idée d’appartenance à un registre volontairement ouvert à toutes les projections… Il y a les objets du désir, les artefacts guerriers, les outils, les instruments… et tous ceux qui répugnent à se livrer trop facilement.
Non content de faire surgir du béton ces volumes inquiétants ou désirables, l’artiste procède ensuite à un travail de classification, d’arrangement et de hiérarchisation, qui détermine la place de chaque objet au sein d’un groupe, d’une catégorie, d’une famille, voire d’une série. A l’image des cabinets de curiosité qui proposaient des associations esthétiques en guise d’introduction à une forme de connaissance défiant la génétique, les hybrides de Guillaume Arlaud s’apparentent et s’associent pour faire mine de se livrer selon une logique formelle, sans pour autant s’y résigner. Mais tous participent d’un élan commun pour esquisser ensemble des territoires sensibles en mutation, évoquer les possibilités d’une collection, offerte à l’étude ou simplement à la contemplation.
Florence Marguerat
Exposition subventionnée par le Canton et la Ville de Genève
mardi - samedi : 14h/18h