Ariane Monod
Esquisse Murale
21.01 — 12.02.12
Une esquisse éphémère de 21 mètres sur 3.80, exécutée au fusain à même les murs perpendiculaires de Halle Nord, invite son spectateur à entrer en elle. Le sentier menant au coeur d’un imaginaire organique guide le voyageur dans un monde de formes imaginaires, conduit le regard à faire le tour de l’étrange forêt d’amalgames qui se décline sur l’horizon du mur blanc. Ainsi décentré, le regard à distance s’immisce dans ce relief inconnu et saisissant, contourne des volumes que l’habitude amène à interpréter, cherche la sortie de ce labyrinthe d’effets d’ombres et de lumière qui ne se ferme pas,
qui n’angoisse jamais. Le jeu des perspectives est comme sculpté dans la matière même, jeu optique de noirs plus ou moins délavés, de blanc et de nuances de gris. Les volumes s’élèvent et s’abaissent rythmiquement lorsque l’on s’en approche et le pas double alors ce tempo pour suivre la perspective du détour, pour lire comme un parchemin infini le paysage qui se déroule, qui semble résonner au-delà de ses limites, comme des pulsations battant sur l’espace du mur laissé vierge.
La recherche d’Ariane Monod dans ce travail d’une grande maîtrise technique explore d’une manière onirique les frontières entre abstraction et figuration. En effet, son maniement des tracés au fusain, parfois raclés ou lissés, des coulures d’eau et des estompés à l’éponge vise à créer un continuum d’éléments abstraits, un effet de rythme et de profondeur, une atmosphère et un trajet du regard. Cependant, la réaction du spectateur est souvent de décomposer ce relief pour en interpréter les éléments en nuages, montagnes ou vapeurs de brume.
Sophie Gander, 2012