Capsule 2.71

Philippe
Rouy

Capsule 2.71

29.05 — 19.06.21

« 4 bâtiments, face à la mer », 2012
47 min, son

 

En juin 2011, trois mois après la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, suite à un puissant séisme et le tsunami qui s’ensuivit, l’exploitant Tepco installait une livecam sur le site sinistré. Accessible librement sur Internet, ce plan fixe frontal constitue le matériau exclusif du film de Philippe Rouy. Si Tepco, dans un souci de transparence opaque, prétendait donner à « voir » ce qui était et est toujours en cours, ce sont paradoxalement les éléments périphériques qui occupent ici notre attention : variations climatiques, déambulation fantomatiques des « décontaminateurs », le passage d’un renard, d’un vol d’oiseaux… 

Dix ans plus tard, alors que les masques et tenues intégrales de sécurité paraissent désormais étrangement familiers, le gouvernement japonais envisage de rejeter dans l’Océan Pacifique des milliers de litres d’eau encore partiellement contaminée. L’occasion de (re)découvrir ce film dans un tout autre dispositif que celui, cinématographique, initialement envisagé, entrant en écho avec le passé particulier des Halles de l’Île. Pour rappel, ce « bâtiment au milieu du Rhône » fut envisagé au XIXe siècle comme une solution moderne pour relocaliser les abattoirs de la Ville, qui pouvaient ainsi déverser leurs déchets directement dans les flots. De quoi méditer sur notre rapport problématique à l’écologie…

Philippe Rouy réalise des films entre essai documentaire et art vidéo. À partir de mars 2011, il se consacre à une trilogie autour de la catastrophe nucléaire de Fukushima, réalisée à partir des images produites par l’industrie nucléaire japonaise elle-même : « 4 bâtiments, face à la mer » (2012), « Machine to Machine «C» (2013), et Fovea centralis (2014), tous trois présentés à l’époque au cinéma Spoutnik. 

Philippe Rouy est lauréat 2021 du programme de résidences de l’Institut français de la Villa Kujoyama. Son projet explore les traces laissées par un collectif de filmeurs japonais formé directement après la catastrophe de Fukushima en vue de filmer le 6852 îles de l’archipel japonais avant sa désertification hypothétique dans un futur proche dystopique…

 

La programmation vidéo 2021 de la capsule 2 a été confiée à Maud Pollien. Diplômée en Histoire de l’art (Université de Genève) et en Théories et pratiques du cinéma (Université de Lausanne), Maud Pollien a été co-programmatrice du Cinéma Spoutnik (Usine, Genève) de 2011 à 2015 avant de poursuivre son parcours au Centre de la Photographie Genève. Elle mène depuis 2017 une thèse de doctorat autour des modes de soutien et de diffusion de l’art vidéo et contribue, en parallèle, à la valorisation du Fonds André Iten au sein de la collection vidéo du Fonds municipal d’art contemporain  (FMAC).

Horaires: 

Capsule visible 24/7  depuis le passage des Halles de l’île