3 photographies pour un triptyque

Depuis que j’ai commencé mon travail photographique je n’ai pas arrêté d’interroger le paysage en même temps que je l’enregistrais. Partition, renversement, montage sont les trois opérations qui ont conduit au triptyque présenté jusqu’en décembre 2016 à l’entrée des Bains des Pâquis.

Aux montagnes qui délimitent l’ici et le là-bas à partir de ce point de vue précis qu’offrent les Bains des Pâquis et au lac qui les fait miroiter en les renversant, je ne pouvais répondre que par d’autres montagnes, mais dont les images seraient d’une certaine façon «dépaysées» et inquiétées.

Voilà donc une ligne de crête raccordée sur le mode ludique chapeau de paille- paillasson-somnambule. On peut vérifier sans effort que cette ligne n’est pas vraiment continue. Par ailleurs, la montagne, comme archétype, résiste a son renversement : on continue à la voir là où à sa place il y a désormais du ciel et, dans le noir contre-jour quasi-monochrome qui domine désormais, nous voyons du ciel — tout comme notre cerveau inverse l’image qui s’imprime à l’arrière de notre rétine, sans quoi nous aurions de la peine à marcher.

Au moment ou les régimes de la vérité et de l’identité deviennent de plus en plus rigides, péremptoires, exclusifs, il me semble que le geste artistique peut indiquer, à son modeste niveau, une autre voie. Pas la foi qui aplanit les montagnes, non, l’opération purement laïque et entièrement vérifiable, qui en décloisonne les représentations.

Nathalie Wetzel